La nuit tombait sur Gotham, les rues étaient des plus silencieuses dans le quartier des affaires ; une silhouette particulière quittait le commissariat ; une silhouette féminine, assez petite mais très bien formée bien qu'elle se cachait dans un énorme manteau noir qui la tenait au chaud. Elle semblait tellement innocente, aucun maquillage ou autre artifice de ce genre. Elle regardait autour d'elle, particulièrement attentive au moindre bruit, elle savait que les rues de la ville n'étaient pas sûres à des heures pareilles. Cette ombre semblait bien connaitre la ville, les endroits les plus dangereux qu'elle esquivait avec sagesse. Mais où allait-elle ? Solomonia n'était plus l'enfant de Gotham, elle était devenue l'une de ses protectrices des plus dévouées. Elle avait perdue ses beaux rêves d'enfant, enlevée par un beau père fou, elle avait d'abord tout laissé tomber avant de reprendre espoir, avant de croire à nouveau au bien, en elle surtout. Tachée, bafouée, salie, elle n'avait plus eut la moindre estime pour elle-même depuis des années. Il avait suffi qu'un jour son chemin rencontre celui d'un ange pour que la lumière vienne à nouveau éclairer son chemin et son coeur. Pourquoi n'était-elle pas restée avec lui ? Elle savait qu'elle aurait pu être heureuse à ses cotés, elle savait qu'il ne lui aurait jamais fait de mal, et surtout ; elle savait qu'il aurait été heureux avec elle, ne l'était-il pas déjà à l'époque où elle s'était installée chez lui en acceptant de lui donner sa confiance ? N'était-elle pas partie comme une lâche ? Elle était partie pendant son absence, de peur de voir sa réaction, de peur qu'il lui en veuille, de peur qu'il soit agressif et qu'il brise l'image de l'ange qu'il était à ses yeux.

Elle arrivait devant chez elle, la rue était particulièrement sombre comme à son habitude, Solomonia n'avait pas fait le moindre bruit, en baskets le silence était le plus total et seuls les chats semblaient l'entendre. D'ailleurs, la jeune femme trouvait que la population de chats dans la ville n'avait cessé d'accroitre, elle trouvait cela réellement étrange. Beaucoup de chats de gouttières courraient les rues, personne ne semblait avoir remarqué ce fait, mais la jeune femme avait un réel sens de l'observation, notamment sur les détails de ce genre. Solominia sortait avec prudence le badge de son immeuble et ouvrait la lourde porte en silence en prenant soin de très bien la refermer afin d'être en réelle sécurité. Elle empruntait calmement les escaliers pour accéder au troisième étage où se trouvait son appartement des plus modestes. Devant sa porte se trouvait un petit chat noir qui se faisait les griffes sur son paillasson, elle fronçait les sourcils puis décidait de s'attendrir. Elle se penchait et prenait le petit animal dans ses bras qui avec plaisir venait se loger contre la petite poitrine de la jeune femme. La demoiselle souriait puis plongeai sa main dans sa poche pour attraper silencieusement sa clé quant-elle entendit un bruit au fond du couloir la poussant à se rétracté. Des pas à talons hauts claquaient sur le sol avec une fermeté inquiétante. Les pas se dirigeaient vers elle. Alors elle reculait légèrement et sortait son arme de service, elle n'avait jamais tué personne. Mais il parait que la peur donne des ailes. Elle braquait son revolver vers la source du bruit puis lançait d'une voix qu'elle gardait calme malgré le stress intense qui l'envahissait. « Arrêtez-vous. ». Alors les pas s'arrêtaient, Solomonia reculait encore et tâtait le mur de ses doigts fins et trouvait enfin l'interrupteur qu'elle actionnait, la lumière lui brulait les yeux, la silhouette en face d'elle se dessinait enfin. La jeune femme fixait cette autre quelques instants, cette impression de ne pas avoir à faire à une inconnue était grande. Elle décryptait ce visage qui la rendait à la douloureuse période de l'enfance, elle lâchait alors son arme qui tombait au sol et demandait d'une voix tremblante sous le choc « Sélina ? C'est toi ? »

Solomonia & Sélina

► Give me a shot to remember.

Sélina n’en revenait pas. Cela faisait plusieurs semaines qu’elle était revenue à Gotham et elle avait naturellement entendu parler du retour de Batman dans la ville. Elle avait alors décidé de quitter Gotham en faisant un dernier casse, de partir le lendemain. Cela faisait déjà une semaine de ça. Ce qui l’avait fait changer d’avis ? La rencontre avec Bruce. Ils étaient tombés nez à nez et elle avait alors compris qu’elle avait été stupide de partir. De fuir le mariage. Elle l’aimait toujours, lui avait brisé le cœur et elle s’en voulait. Elle espérait que les choses s’arrangeraient, qu’il lui pardonnerait. C’était peut-être illusoire mais elle le souhaitait ardemment. Elle aimait toujours Bruce et à présent qu’elle avait recroisé son chemin, elle n’osait plus faire volte-face et partir. Elle en était tout simplement incapable. Mais elle était perdue, complètement perdue. Et le vague espoir de réconciliation lui serrait le cœur, elle aurait aimé tellement autre chose. Elle aurait aimé être quelqu’un d’autre pour Bruce. Pour eux. Elle avait passé un début de soirée prometteur et avait quelques bijoux de grande valeur comme butin. Elle était cependant égarée et avait bien failli se faire attraper par les flics. Son esprit était bien trop occupé à penser à Bruce pour qu’elle conserve des réflexes dignes d’un chat qu’elle avait auparavant. Une amie. Une amie qui la connaissait, qui savait pour sa double identité. Elles n’étaient pas nombreuses. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers une jeune femme, une amie d’enfance. Solomonia. Elle était sa protégée mais cela faisait longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues. Elles avaient eu l’occasion de se rencontre lorsqu’elle faisait de la danse ensemble et la fragilité de Solo l’avait émue et touchée. Sélina avait toujours été sensible aux femmes en détresse et Solo en faisait indéniablement partie à une époque. Elle avait perdu sans trace et ignorait totalement ce qu’elle était devenue. Mais Solo connaissait son double masqué. Elle pourrait se confier sans crainte à elle, la seule avec Holly à savoir la vérité la concernant.

Elle sauta de toit en toit, se rappelant vaguement de l’endroit où son amie habitait. Un immeuble assez sécurisé. Mais pas suffisamment pour une voleuse comme elle, fut-elle rouillée par le chagrin. Elle se glissa donc à l’intérieur, escaladant le bâtiment, brisant une fenêtre et entrant dans les parties communes de l’immeuble. La cage d’escalier était plongée dans l’obscurité mais elle avait vu au pied de l’immeuble une forme féminine y pénétrer. Une forme qu’elle aurait reconnue entre milles, même après les longs mois passés. Elle était montée rapidement et était arrivée au palier plus vite que la jeune femme. Elle l’observa silencieusement gravir les marches et s’arrêter devant son palier. Un chat noir magnifique l’observait. Les chats avaient toujours suivi Sélina, une sorte de sixième sens peut-être leur indiquait que la femme partageait certaines caractéristiques avec la gent féline. Sélina observa son amie prendre le chat et le caresser doucement. Un sourire joua sur ses lèvres. Toujours douce et généreuse, elle n’avait pas l’air d’avoir changée. Elle s’approcha alors, sans plus prendre de précautions, ses talons claquant sur le sol. Solo parut surprise et se retourna, braquant une arme en direction de Sélina qui se figea. Un mauvais coup était vite parti. Catwoman fut particulièrement étonnée. Depuis quand Solo avait-elle une arme ? Après tout, on était aux Etats-Unis et quasiment n’importe qui pouvait avoir une arme. La lumière illumina le pallier à cet instant. Sélina, éblouie, cligna des yeux, avant de s’habituer. Solo la reconnut presque immédiatement, lâchant son arme qui tomba au sol. La jeune femme lui sourit.

C’est moi, Solo. Ca fait un sacré bail. Je peux entrer ?

Elle ne tenait pas spécialement à être vue dans son costume par les voisins.

Solomonia ne savait plus vraiment quoi penser, que penserait Selina de la voir si... Paranoïaque ? Mais Selina ne savait rien, elle n'avait pas idée de tout ce qu'elle avait du traverser, oui Sélina sa douce protectrice, elle n'avait pas été là quand elle en avait vraiment eu besoin. Est-ce que Selina avait seulement remarqué pendant leur adolescence qu'elle souffrait ? Avait-elle soupçonné le parfait Gabriel ? Solomonia savait qu'en revenant à Gotham elle devrait à nouveau affronter les fantômes de son passé, elle devrait supporter leur regard, leurs interrogations. Elle avait sue que la tache serait difficile, vraiment difficile, mais c'était son devoir d'être ici à Gotham, de venir affronter enfin ce mal qui l'avait dévoré toutes ses années. Mais se retrouver face à Selina, face à son sourire félin... Solomonia se sentait en colère. Elle lui en voulait, pourquoi est-ce qu'elle lui en voulait à elle ? Ce n'était pas de la faute de Selina si elle avait traversé tant de malheur. Pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher d'en vouloir à cette protectrice qui avait toujours été aux yeux de Solomonia ce qu'elle aurait voulu être, comme une idole. Elle était la femme forte qu'elle avait toujours espéré devenir un jour, et finalement même cette femme si extraordinaire n'avait pas su la protéger comme elle semblait l'avoir promis dans un regard. Mais la colère retombait rapidement, car au fond Solomonia restait ce qu'elle était : faible.

« Oui... Bien sur. » soufflait-elle, en s'accroupissant pour ramasser son arme tombée au sol et la rangeait d'une main tremblante avant de sortir à nouveau ses clés pour la placer dans la serrure sans regarder son amie. Elle était vraiment sexy habillée ainsi, dire que malgré toutes ses années Solomonia admirait encore cette femme et espérait au fond d'elle d'être un jour comme Selina Kyle, alias... Non, c'était un secret. « Entres. » ajoutait-elle. En poussant la porte, elle actionnait l'interrupteur pour éclairer le modeste appartement de Solomonia assez douillet cependant, beaucoup de peluches et d'énormes couvertures, des vêtements qui trainaient par terre ; la belle rougissait devant le spectacle de son chez elle. « Désolé... Je n'ai pas vraiment l'habitude de recevoir... » confiait-elle. Solomonia se dirigeait vers le canapé qui était existant sous ses tonnes de couvertures, elle tenait le bras de Catwoman et l'invitait à s'asseoir à ses cotés, finalement Solomonia vivait un peu comme un chat aussi, toujours à chercher ce qui était bien confortable et chaud, un peu comme une source de réconfort. La jeune femme jouait avec ses longues mèches brunes assez nerveusement et demandait enfin « Alors... Tu... Tu viens me rendre visite ? Ou ? » Ou... Elle ne savait pas trop, elle se sentait assez mal à l’aise finalement. Elle craignait un peu les questions de la part de Selina, elle craignait qu’elle lui demande des explications, qu’elle lui demande ce qu’il s’était passé. Un mal être qui n’allait qu’en grandissant et lui infligeait une torture qu’elle ne savait taire. La jeune policière de Gotham City ne quittait pas la jeune femme en face d’elle des yeux, elle tendait doucement le bras après avoir tant hésité. Elle tirait lentement le masque de la justicière voleuse qu’elle était, oui Catwoman était recherché par la Police, comment réagirait-elle lorsqu’elle saurait que Solomonia en faisait désormais partie ? Pourtant, elle était juste incapable de dénoncer celle qui était à ses yeux le symbole de tout ce qu’elle rêvait d’être un jour. Vols à part.

Solo avait été une amie et elle le restait. Elle était bien plus forte qu’elle ne le croyait. Sélina l’admirait pour cela. Elle souhaitait la protéger mais elle estimait que la jeune femme était un roc. N’allez pas imaginer que Solo était un robot sans cœur et froid, non. Elle avait une part de sensibilité, c’était ça sa faiblesse, comme celle de Sélina en fait. Solo était la seule qui connaissait l’identité secrète de Sélina, mis à part Bruce. Elle lui faisait confiance et savait son secret bien gardé. Sélina avait beaucoup de tendresse pour la jeune femme, elle la respectait. Elle espérait qu’elle trouverait sa voie, qu’elle serait heureuse. Qu’elle aurait tout ce que Sélina n’avait pu avoir. Un foyer, un lieu en sécurité et un travail digne de ce nom. Sélina n’était nullement malheureuse. Mais elle savait que son style de vie, peu de femmes pouvaient le supporter sans faillir. Elle était profondément libre, sans entrave. Elle l’était tellement que la pensée du mariage, même avec l’homme qu’elle aimait le plus au monde, l’avait fait fuir. C’était dire. Elle n’était pas fière de ce qu’elle avait fait. Mais elle ne pouvait faire marche arrière et effacer le mal qu’elle avait fait à Bruce. Elle ne pouvait qu’attendre que les plaies se cicatrisent avec le temps, si c’était possible encore. Son amie avait braqué une arme sur elle et Sélina en avait été très surprise. Elle l’avait cependant rangé en la reconnaissant. La jeune femme restait pourtant assez étonnée. Solo et une arme, elle avait l’impression que cela ne faisait pas bon ménage.

Finalement, Solo acquiesça à sa demande de rentrer chez elle. Une mauvaise rencontre était vite venue. Sélina entra donc chez son amie. Elle n’y avait jamais mis les pieds mais se sentit tout de suite comme chez elle. C’était douillet et confortable. Le regard de Sélina parcourut la pièce, passant sur d’épaisses couvertures apposées sur le canapé, s’arrêtant un instant sur une peluche, une Marsupilami notamment avec un sourire amusé. Sélina secoua la tête devant son amie qui piquait un fard et s’excusait de la tenue de son appartement.

Ne t’excuses pas, je trouve ça charmant, vraiment.

Sélina avait le chic pour se sentir à l’aise partout et dans toutes les circonstances. Elle s’avança dans la pièce, contemplant l’agencement, elle jeta un coup d’œil par la fenêtre. On avait vu sur la rue. Quelques passants marchaient, notamment un homme au crâne d’œuf. Elle se fit entraîner par Solo près du canapé. Oui, Sélina ressemblait beaucoup aux félins. Elle appréciait notamment les canapés confortables et les couvertures chaudes. Elle s’installa donc sans se faire prier dans le canapé, les jambes repliées sous elle, presque en boule. Sélina voyait bien que son amie était stressée. Elle jouait avec ses cheveux et lui demanda pourquoi elle était venue.

Ne t’inquiète pas, Solo, je n’avais pas dans l’idée de te voler. Tu n’es pas sur ma liste, je te l’assure, alors détends-toi ma belle. Je suis venue te rendre visite, ça fait un bon moment, j’ai pensé à toi et me voilà !

Son amie tendit le bras vers elle et tira doucement sur son masque. Sélina la laissa faire, comme un animal docile. Elle lui sourit et retira finalement le masque complètement. S’étirant lentement, elle posa ses jambes sur la petite table basse devant elle et lança :

Alors, quoi de neuf ma belle, depuis le temps ?

Le compliment de Selina sur son habitat la fit rougir de plus bel, mentait-elle ? C'était un véritable bazar ! Mais Solomonia croyait les mots de son amie. Et dire que les filles sont censées être ordonnée, probablement que chez Selina tout était parfait, elle était parfaite de toute façon. Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement être comme elle ? Qu'il y avait-il de mal à vouloir être comme Selina ? Comme Catwoman ? On vous dira peut-être que Catwoman n'est pas un exemple et encore moi un modèle, qu'elle est une voleuse et une moins que rien. Mais Solomonia n'en croyait rien. Selina était parfaite, point. Alors elle l'invitait à s'asseoir à ses cotés, celle-ci se mettait en boule et la jeune femme lui fit un sourire avant d'oser lui demander ce que son amie faisait ici. Solomonia devait s'avouer rassurée de savoir qu'elle n'était pas venue la voler, puis tout bien réfléchis il n'y avait pas forcement grand-chose à voler chez elle. Non, elle ne manquait pas d'argent, mais elle n'en avait pas de trop non plus. Alors a jolie brune adressait à la femme chat un charmant sourire. Ôter le masque de Selina, qui avait cette chance ? Qui pouvait se permettre ce geste sans risquer de se faire arracher la main ? Et bien elle, elle le pouvait. Mais cela était toujours très hésitant, surtout après toutes ses années, elle craignait que celle-ci refuse ou ait un réflexe violent mais elle ne fit rien. Selina se laissait faire comme un joli chat docile. La petite policière de Gotham rougissait puis Catoman retirait pour de bon son joli masque après lui avoir souris, la question de la jeune femme la mettait particulièrement mal à l'aise à cet instant.

Le regard brun de Solomonia tombait au sol, elle se sentait tellement triste. Que répondre ? Doucement elle relevait son regard vers son amie et lui répondait enfin d'une voix brisée en triturant encore ses longues mèches brunes « Depuis toutes ses années tu veux dire ? » Elle prenait une profonde inspiration pour se donner du courage tout en détournant lâchement son regard, il fallait que tout cela sorte n'est-ce pas ? C'était maintenant ou jamais, le lendemain serait trop tard. « J'ai prié chaque jour pour que tu viennes me sauver ! J'ai prié pour que tu me retrouves ! Mais tu ne m'as jamais cherché... Personne ne m'a cherché, personne... Mais pourtant, j'avais toujours espéré que tu viennes. Je croyais en toi. Mais j'étais seule, au fond je l'ai toujours été. Seule et naïve. » Puis Solomia relevait enfin les yeux vers la jeune femme en lui adressant un large sourire « Mais n'en parlons plus ! Tout le monde a ses problèmes ! Surtout toi, avec tous ses gens qui te pourchassent ! Ils ne savent pas que tu es quelqu'un de bien. Ils ont tords. » Puis elle se relevait vivement, oui malgré tout, Selina restait quelqu'un de bien à ses yeux et cela pour toujours. « Je vais nous faire du chocolat chaud ! J'imagine que tu aimes toujours le lait ! » pouffait-elle, elle se souvenait encore de la belle Kyle à la sortie du cours de danse avec sa petite brique de lait, toutes les filles se moquaient d'elle, mais Solomonia l'avait une fois de plus admiré. Quelle merveilleuse danseuse fut-elle d'ailleurs ! Abernathy dans le coin cuisine de son petit appartement ouvrait le frigo pour sortir du lait et deux énormes mugs dans lesquelles elle versait le lait en fredonnant nerveusement une chansonnette, oui elle n'avait rien dit... Non, ce n'était pas elle... Jamais Solomonia n'aurait dit à Selina de tels mots. Rien ! Rien n'avait été dit. Il fallait juste faire du chocolat chaud...

Solo avait vraiment une place particulière dans le cœur de Sélina. Holly était une amie des bas-fonds, une fille qu’elle avait connu durant son bref passage dans les rues mais Solo, c’était particulier. Une petite sœur, une fille, un peu tout cela mélangé. Elle sentait bien l’admiration de la jeune femme pour elle mais l’avait toujours poussé à ne pas suivre son chemin, à vivre une vie heureuse et épanouie, proche de la normalité. Sélina l’avait complimenté sur son intérieur et Solo avait rougi ce qui avait amusé la jeune femme. Solo était toujours timide et elle ne changerait probablement jamais. Mais Sélina savait qu’elle possédait une très grande force de caractère et un grand courage. Alors qu’elle se tenait sur le canapé de son amie, roulée en boule comme un chat, Sélina se sentait en sécurité. Après Bruce, c’était la seule amie qu’elle possédait. La seule en tout cas qui connaisse sa double identité. Elle lui accordait une pleine et entière confiance. Heureusement qu’elle était là. Même si cela faisait longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues toutes les deux. Pour preuve de cette confiance, Sélina se laissa faire lorsque Solo tendit les mains et décala doucement le masque, dévoilant les traits fins de Catwoman. Elle lui adressa un sourire avant de se débarrasser elle-même du masque. Mais Sélina ne voyait pas cela comme un privilège. Elle ne réfléchissait pas en ces termes. Catwoman était sûre d’elle mais pas imbue d’elle-même. Il y avait une grosse différence entre les deux.

Sélina avait posé doucement une question à Solo, quoi de neuf dans sa vie. Elle voulait tout savoir, rattraper le temps perdu. Elle vit clairement le regard noisette de son amie se baisser sur le sol avant de revenir se ficher dans le sien. Elle lui demanda alors si elle voulait dire pendant toutes ces années. Sélina hocha la tête.

Oui, pendant toutes ces années.

Solo inspira profondément et soudain, sa voix résonna dans le silence de la pièce tandis que son regard fuyait celui de Sélina. Elle avait prié pour qu’elle vienne la sauver mais elle n’était pas venue. Ces paroles étaient des reproches cinglants qui surprirent Sélina. Et en un sens, elle avait raison. Sélina n’avait pas été là lorsqu’elle avait eu besoin d’elle. Elle se mordit la lèvre. Après Bruce, Solo. Elle les décevait tous les uns après les autres. Le cœur de la jeune femme se serra et elle se contint, écoutant la suite des paroles de la jeune fille. Penaude, Sélina lui répondit d’une petite voix :

Je… Je suis désolée, Solo. Je sais que j’aurais dû être là, mais crois-moi je ne l’ai pas fait exprès. J’ignorai que tu avais besoin de mon aide et je n’étais pas à Gotham pendant un bon moment. Je te présente mes excuses. Vraiment.

La suite des paroles de Solo fit sourire Sélina. Elle était quelqu’un de bien. Catwoman secoua la tête.

Non, Solo, je suis tout sauf quelqu’un de bien.

Sélina sourit à la proposition plus qu’alléchante.

Tu me connais bien, j’adore toujours autant le lait !

Elle attendit patiemment Solo qui revint avec deux mugs fumants. Attrapant sa boisson, Sélina voulut y goûter et y trempa les lèvres un peu trop tôt, se brûlant la langue. Elle fit la grimace et reposa sa tasse, attendant que le breuvage refroidisse.

Encore une fois, je… je suis désolée. J’ai eu des problèmes de cœur mais ce n’est pas une excuse.

La petite brune n'avait pas l'habitude de lâcher ainsi son sac et de dire ce qu'elle avait vraiment sur le coeur, la belle devait alors s'avouer plutôt confuse, avait-elle bien fait ? De toute façon c'était trop tard, c'était dit et cela ne serait jamais à ses yeux qu'un coup de pouce pour aller de l'avant. Elle ne disait jamais véritablement ce qu'elle pensait. Peut-être devrait-elle faire cela plus souvent ? A méditer. La jolie flic de Gotham écoutait la jolie féline s'excuser puis lui dire qu'elle n'était pas quelqu'un de bien, alors Solomonia prit la belle par les sentiments en lui proposant du lait bien chaud, une excuse pour s'éclipser dans la cuisine et souffler un peu, reprendre ses esprits. Elle prenait deux énormes mug et fit chauffer le lait qu'elle servait avec le sourire en s'asseyant à nouveau à coté de la sauvage brune venue chez elle. Solomonia n'eut pas le temps de prévenir Selina qu'elle avait déjà porté la tasse à ses lèvres, Abernathy grimaçait en compassion pour la douleur tandis qu'elle reposait la tasse sur la petite table, Solomonia la fixait de ses grands yeux bruns alors que son invité s'excusait. « Il ne faut pas t'en vouloir, l'amour fait faire des choses... Stupides. » Son regard s'égarait alors dans ses pensées. Oui, si Gabriel ne l'avait pas aimé de la sorte, rien de tout cela ne serait arrivé. L'amour que la belle avait connu était loin du compte de fée. Un beau père trop regardant qui était finalement passé à l'acte pour l'arracher de Gotham pour faire d'elle sa chose, il avait fait cela par amour. Et Solomonia savait qu'il reviendrait, par amour. « J'espère que cet homme sait comme tu es quelqu'un de bien. Même si toi tu n'y crois pas. Moi je le vois. » Oui, elle voyait en Selina ce que personne ne semblait pas et elle espérait que l'homme qui avait capturé le coeur de la belle catwoman valait le coup.

Solomonia se tournait vers Selina en plongeant son regard dans celui de la jeune femme et posait sa main glacée sur la joue de son amie qui était aussi son idole « Tu es la preuve vivante qu'une femme peut être forte. Tu es le vent et la liberté. Ne l'oublie pas. Est-ce que tu crois que le vent puisse être mauvais ? Il est juste incompris ; tout comme toi. » Elle souriait et s'approchait de la jolie brune pour l'embrasser sur la joue puis se mit à glousser amusée par la situation. Elle se souvenait de cette époque où elles avaient été si proche, une époque où la belle brune souffrait en silence et qui au travers de cette amitié si pure pouvait encore espérer. Solomonia soupirait faiblement et observait la jeune femme à ses cotés et lui disait enfin « Moi je te pardonne Selina. Et tous ceux qui t'aime vraiment te pardonneront aussi car tu n'es pas une personne mauvaise. » encore un sourire puis elle prenait sa tasse pour en boire quelques gorgées délicieusement chaudes de ce lait, cette sensation la réchauffait et elle fermait doucement les yeux, c'était comme être sur un petit nuage.